Sherlock Holmes - 4 - La Statuette Brisée

Cette enquête se déroule en deux parties. Elle commence comme un problème administratif : il faut comprendre pourquoi des antiquités disparaissent à leur arrivée au British Museum. L'identification du responsable n'est pas bien difficile : il y a deux suspects et une fausse piste, mais nous avons quasiment tout le temps de les suivre. Puis, nous poursuivons l'assassin du coupable jusqu'au Caire. Il faut ensuite faire le lien avec une conjuration nationaliste.

De manière amusante, pour prendre le vrai départ, il faut échouer un test de capacité manuelle lors de la fouille, pour casser la statuette et ainsi justifier le titre du livre ! C'est en fait un gros défaut : si on arrive pas à suivre la bonne piste, puis à récolter les bons indices, toutes les péripéties sont difficiles à suivre, voire complètement téléphonées. À la limite, si on ne découvre rien, on assiste à une réunion de nationalistes égyptiens, puis on se retrouve devant un groupe de suspects parmi lesquels désigner un coupable, mais de quoi, en fait ?
Et pour finir, il est possible de désigner le coupable au hasard, sans apporter la moindre preuve. Il se met à table aussitôt, et révèle toute l'intrigue.

Au final, il ressort l'impression d'une fausse enquête : il faut vraiment le vouloir pour éviter de découvrir les coupables (un dans chacune des parties de l'enquête) et l'intrigue ne tient pas debout si on le fait.

Le décor n'est pas vraiment bien planté : que ce soit dans les salles du British Museum, avec les émigrés égyptiens de Londres ou en Égypte, on n'a pas vraiment l'impression de voyager. Même la haute société coloniale du Caire n'est pas très bien décrite : elle ne semble se composer que de 8 personnes.
Le livre cumule également des poncifs de polars qui me font toujours mauvais effet : une société secrète dont les membres arborent tous un tatouage, ce qui les rend aisément identifiable, et des tentatives d'assassinat qui nous visent, sans qu'on n'ait forcément l'air d'approcher du but.

Au final, une enquête facile, une aventure peu intéressante, une atmosphère peu développée et une rejouabilité nulle.

Note : 7/20

Cette année le livre nous revient sous l'égide de Posidonia et dans le petit monde des LDVELH où les titres liés (de près ou de loin) à Sherlock Holmes ne brillent pas forcément par leur qualité, celui risque de ne pas faire date.
Le propos est assez habituel : vous êtes un illustre anonyme embauché par le célèbre détective, qui a des enquêtes plus passionnantes à boucler, il vous envoie donc résoudre en sous-main un vol apparemment banal au British Museum.
La quatrième de couverture ne verse pas dans le suspens puisqu'elle annonce qu'un meurtre va rapidement corser les choses, et ce n'est affectivement qu'à partir de là que le livre décolle.

Mon premier grief serait le côté presque anecdotique de la présence de Holmes, qui vous confie l'affaire et vous oublie aussi sec. Au moins dans la série de Gallimard le misanthrope nous accompagnait régulièrement ou s'entretenait avec nous à divers points de nos enquêtes, ici, son utilité est surtout mécanique.
En effet, vous disposez de trois jokers portant son nom, pour vous dépanner si vous piétinez durant votre enquête, ou, dans la seconde partie du livre, si vous loupez des tests mortels, ce qui transforme Holmes, de manière cocasse, en ange gardien improbable.
Bref, lorsqu'on lit " sur les pas de Sherlock Holmes " sur la quatrième de couverture, il y a de quoi être mitigé, surtout que votre personnage ne fera guère mention des méthodes du détective.

Grief numéro deux : les règles. Comme c'est récurrent dans les HAJ, vous pouvez plier les gaules dès le début si certaines caractéristiques ne sont pas assez hautes, les scores calculés avec 1D6+3 comportant une trop grande variance lorsque des tests critiques sont bien au-delà de 10- rappelons que pour réussir un test, il faut atteindre la valeur cible en lançant 1D6 et en ajoutant son score.
Avec un total de départ trop faible, certains tests seront tout simplement impossible et inclure les jokers pour y pallier ressemble à une solution boiteuse.
De plus on vous fait choisir des compétences (géologie, don des langues...) et des relations (mondaines, monde du crime...), ce qui est un plus - sauf que vous en choisissez un nombre variable et que les compétences sont simplement trop nombreuses : 14.
Il n'y a donc à mon sens pas d'issue heureuse avec ce système : en ayant le nez fin par rapport au thème, vous devinerez quelles seront les compétences utiles et même avec un faible score, vous serez couvert, en cas de fort score, vous pourrez couvrir tellement de domaines que ce n'est plus tellement un choix.
Le pire système, personnellement, concerne les combats de communication, qui se passent comme des duels dans les DF, sauf que vous perdez des points de volonté à la place de l'endurance et que vous ne perdez qu'un à la fois. L'un d'eux vous oppose à une journaliste possédant 16 points de volonté : je vous laisse imaginer le fun immense qu'il y a à jeter les dés jusqu'à déterminer le vainqueur.

Le livre vous propose une mécanique de pistes à explorer à partir de paragraphes précis, néanmoins vous ne jouez pas contre la montre et il n'y a pas de pistes préjudiciables, c'est donc juste une manière de compartimenter votre progression.
Mon troisième grief concernerait, comme dans la série de Gallimard, une trop grande importance portée aux tests de compétence. Lorsqu'un suspect s'étrangle avec son whisky lorsque je mentionne une poudre rouge étrange trouvée dans une statuette et qu'il accuse son serviteur de lui avoir servi une dose trop forte, ai-je vraiment besoin d'un test de perception pour détecter qu'il ment ?
Si le livre fait parfois appel à votre mémoire et vous demande de résoudre un message crypté, il y a peu de place aux déductions "spontanées" du lecteur-joueur.
L'enquête se déroule gentiment et, cela rejoint mon ultime grief, malgré quelques moments de tension, ça manque de vie, de rebondissements sérieux, d'une narration qui nous immerge vraiment dans les lieux visités ou nous fasse réellement sentir comme un enquêteur sur la piste d'un complot hautement néfaste.
A titre personnel, je n'ai pas eu d'épiphanie intellectuelle lors de la dernière confrontation.
Malgré les 453 paragraphes le livre se plie assez rapidement, beaucoup de section sont courtes, voire lapidaires.

Note : 11/20