Interview d'une traductrice de livres-jeux par le PDVELH
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Lowbac Aventurier de l'Infini
Nombre de messages : 14516 Age : 45 Localisation : Angers Profession : Employé commercial Loisirs : Lectures, Commerce, Angers Sco Date d'inscription : 03/01/2011
Sujet: Interview d'une traductrice de livres-jeux par le PDVELH Sam 24 Déc 2022 - 16:57
idée des plus sympathiques de donner la parole à une personne qui en a traduit un certain nombre.
Derje Boven, sly et Terpsykore aiment ce message
Gief Champion
Nombre de messages : 358 Age : 37 Profession : Auteur-traducteur Loisirs : Développeur Date d'inscription : 19/08/2016
Sujet: Re: Interview d'une traductrice de livres-jeux par le PDVELH Mar 3 Jan 2023 - 14:49
Très instructif ! Voici un résumé des points qui m'ont paru le plus intéressants :
- Mona a commencé à traduire des Livres Dont Vous Êtes le Héros en 88, à 25 ans, après une formation de traductrice, et une traduction à son actif. Cette activité a duré 2 ans intenses, où elle consacrait deux à trois mois sur un livre, avant de passer à un autre (obligation de gagner sa vie).
- Elle travaillait sur machine à écrire, ce qui lui imposait de traduire dans l'ordre numérique des paragraphes, et la privait d'outils aujourd'hui essentiels de chercher et de remplacer que l'on trouve dans les traitements de texte.
- Elle repérait tout de même préalablement, pour chaque paragraphe, ceux qui y renvoient : de cette façon, elle lisait le paragraphe qui y mène au moment de traduire, et s'assurait que la transition soit cohérente. C'est une bonne méthode compte tenu de son obligation de travailler dans l'ordre numérique et sans retouches. Mais qui avait ses limites pour deux raisons : elle ne jouait pas au livre-jeu avant (ça, pour moi, c'est une grosse erreur de méthode, mais bon, si elle manquait de temps...), et si un élément est mentionné au-delà du paragraphe qui y mène directement, il y a des risques de pertes d'information.
- La relecture (qui relevait de l'éditeur) était limitée : aucun correcteur ne s'assurait de la bonne traduction, ni même de la jouabilité. La relecture portait uniquement sur les coquilles et le style littéraire.
- La localisation reposait essentiellement sur 2 points. 1) la gamme LDVELH étant destinée à la jeunesse, tous les noms anglais (et de fantasy dans la foulée) étaient francisés. Mona mentionne qu'aujourd'hui, en s'adressant à un public plus adulte et connaissant mieux l'anglais (et la fantasy), elle ne localiserait plus autant les noms. 2) elle considère (ce qui est vrai pour certains) que les auteurs soignaient plus l'aspect jeu que le style littéraire, c'est pourquoi elle se permettait d'enrichir le texte, en étoffant des phrases, recourant à un vocabulaire plus varié.
- Elle-même est peu familière des univers geeks, n'étant pas joueuse, ne connaissant pas l'heroïc fantasy ni la science-fiction (les histoires "intergalactiques" comme elle les appelle !). Elle était tout de même familière des contes (d'où le côté parfois enfantin de son approche de la fantasy), et du gothique (de fait, les passages foncièrement gothiques du Vampire du Château Noir, la description de Katarina Heydrich par exemple, sont plutôt réussis).
Dans l'ensemble, mis à part son manque de connaissance de la fantasy qui nuisait au style (c'était un profil très rare à cette époque-là), les défauts qu'on peut lui reprocher sont en partie dus au fait qu'elle ne jouait pas d'abord aux livres (pour cause de délais limités), qu'elle traduisait dans l'ordre numérique (pour cause de machine à écrire), qu'il n'y avait pas de relecture de jouabilité (les correcteurs n'ayant généralement pas cette compétence, et vu le prix où c'est payé, ils n'allaient pas faire des heures sup' pour un job d'appoint alimentaire...), et que la collection se destinait aux enfants (noms propres francisés). D'une certaine manière, cela me rend plus indulgent, car ces défauts ne sont pas tant imputables à la personne qu'aux contraintes de son travail.
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