Les Éveilleurs est un recueil de deux AVH, "Transomnie" écrite par Emmanuel Quaireau (auteur entre autres de
Cyclades chez le même éditeur) et "Soufrerole", de Frédéric Bouix (auteur du
Temple du Dieu Néant, toujours chez le même éditeur). Les deux aventures partagent une inspiration commune, l'horreur lovecraftienne, et quoique en apparence indépendantes, sont reliées par des règles communes, et quelques clins d’œil.
Transomnie"Transomnie" est une histoire hallucinée, dont les lecteurs férus de Lovecraft comprendront les liens étroits qu'elle entretient avec la biographe de celui-ci. Emmanuel Quaireau maîtrise admirablement la langue française et les mécaniques de jeu, mais je ne peux m'empêcher de ressentir une petite déception au bout de l'aventure. Je trouvais excellente l'idée de mêler la vie de Lovecraft à de la fiction, et la dimension onirique aurait pu revêtir un aspect symbolique des angoisses du héros (voire dénouer dans le rêve un mal-être réel, car c'est une des fonctions du rêve). Au lieu de ça, la "fin d'aventure" (la fin officielle) m'a semblé, tout compte fait, guère plus satisfaisante que les autres paragraphes de fin de l'histoire. C'était sans doute voulu. J'ai tout de même le sentiment qu'il y avait matière à faire plus au vu du concept initial, et que la fin aurait pu être différente. Je serais curieux de voir une version retravaillée peut-être un jour.
Note : 14 / 20SoufreroleJ'avais quelques appréhensions au sujet de cette histoire, le sujet dédié sur le forum évoquant à plusieurs reprises sa difficulté et ses nombreux paragraphes de fin. Il est vrai que l'on meurt facilement, surtout si on se montre imprudent (cette imprudence étant le revers du courage nécessaire pour triompher des dangers qui guettent le héros). Pour autant, le livre est construit de sorte que chaque relecture amène son lot de nouvelles décisions à prendre, et de pans entiers d'histoire qui se dévoilent. Aussi recommencer le livre était un plaisir, puisque, plutôt qu'un recommencement, c'était un approfondissement. J'ai énormément apprécié l'histoire, avec ses personnages aux motivations complexes, qui se dévoilent au fur et à mesure des tentatives en explorant des embranchements alternatifs : cette forme de narration fragmentaire est particulièrement appropriée aux fictions interactives.
J'ai apprécié également (ce commentaire vaut également pour "Transomnie") les liens qui se font entre les deux AVH, en termes d'histoire et même de jeu (certain objets se conservent de l'une à l'autre et y ont une utilité), même si j'aurais adoré un entremêlement plus poussé encore en termes d'histoire (les objets en question auraient pu amener des scènes resserrant les liens entre les deux histoires).
Note : 18 / 20Note globale : 16L'écart de notes peut sembler sévère, du moins impoli de ma part, mais le potentiel est là pour une récriture de l'auteur de "Transomnie" (rêvons !), qui par ailleurs a écrit des chefs d’œuvre (je mentionnais Cyclades).