Évidemment

Tiens ? Voilà qui m'intrigue et m'intéresse. Jean-Paul Gourévitch est l'un des auteurs de la série "Labyrinthes Retz Pédagogiques" qui tenait le mieux la route.

La structure annoncée est inhabituelle : une histoire en 5 parties suivie de 20 paragraphes.

Sur le site du Plumier des Chimères, je lis ceci :

Citation :

Évidemment est un polar atypique, écrit en 1972, que Jean-Paul Gourévitch, aujourd’hui consultant international sur l’Afrique, les migrations et la littérature de jeunesse, et auteur de 91 ouvrages, n’avait jamais cherché à publier.*

Les lecteurs qui s’aventureront dans ce récit atypique, qui se transforme en labyrinthe avec des personnages hors normes, iront de surprise en surprise jusqu’à découvrir qu’en fin de compte, ils sont conviés à dénouer eux-mêmes les fils de l’intrigue.

Deux ans avant la création des jeux de rôle Donjons et dragons et dix ans avant la parution de Le Sorcier de la montagne de feu de Steve Jackson et Ian Livingstone, Jean-Paul Gourévitch a inventé** de façon sommaire, le principe qui deviendra celui des « livres dont VOUS êtes le héros ». C’est pourquoi Évidemment a toute sa place dans la collection des archives exhumées des éditions Posidonia.

* m'étonnerait. On n'écrit pas pour le plaisir de remiser au tiroir.
** il y avait d'autres tentatives, mais oui, ça n'était pas mainstream en 1972 !

Citation :

Examen de la obra de Herbert Quain
El Jardín de senderos que se bifurcan

L'auteur argentin Jorge Luis Borges n'a jamais écrit de livres-jeu mais il a spéculé sur leur forme avant
même qu'ils existent, Borges aimait écrire des critiques fictives à propos de livres qui n'existaient pas. Examen de la Obra décrit l'oeuvre d'un auteur fictif (Herbert Quain), et de son livre, Abril marzo, une nouvelle en 13 chapitres qui pouvaient avoir 9 lectures possibles.

El Jardin décrit un auteur chinois Ts'ui Pên, qui se serait retiré afin d'écrire un livre et de construire un labyrinthe. En fait, l'un et l'autre ne font qu'un: le livre ne peut avoir un sens que s'il est lu dans un bon ordre, comme un aventurier qui suit le bon chemin d'un labyrinthe. Alors que les LDVELH possèdent des instructions claires pour passer d'un paragraphe à un autre, les travaux de Borges s'appuient sur les capacités déductives du lecteur pour déterminer l'ordre correct de lecture.

Borges étant mon auteur favoris ca fait plaisir de voir qu'il est un penseur des livres jeu dés 1941.
Quand j'ai lu Herbert Quain, j'ai pas fait le rapprochement avec les ldvelh de mon enfance, mais en effet le lien est évident si on fait attention

En 1930, donc 14 ans avant Fictions, il y avait déjà un livre à choix multiples : Consider the Consequences de Doris Webster et Mary Alden (éd. The Century Co). Ce qui ne retire rien aux qualités de l'œuvre de Borges.

En 1963, Cortazar a aussi apporté sa pierre à l'édifice
https://www.lesinrocks.com/livres/marelle-de-cortazar-lancetre-du-livre-dont-vous-etes-le-heros-119114-17-07-2013/

cdang a écrit:

En 1930, donc 14 ans avant Fictions, il y avait déjà un livre à choix multiples : Consider the Consequences de Doris Webster et Mary Alden (éd. The Century Co). Ce qui ne retire rien aux qualités de l'œuvre de Borges.

Mais vu la culture litteraire de Borges, peut-être is s'est souvenu de ce libre en écrivant le Quain.

Pour mémoire, Borges avant Fiction n'a écris que des Poêmes (et non fiction) . Je crois qu'il a un accident à la tête. Et durant sa convalescence il a peur d'avoir perdu sa capacité d'écrire. Du coup pour éviter d'écrire un poème et de se rendre compte qu'il est devenu incompétent, il décide d'écrire dans un genre nouveau. Il écrit sa première nouvelle: Herbert Quain. Qui parle de la bibliographie fictive d'un écrivain fictif. J'imagine que ces livres fictifs sont inspirés d'une façon ou d'une autre de livres que Borges avaient lu. Ca sera mon interprétation sur le lien entre "Consider the consequences" et Borges désormais

Consider the Consequences est resté totalement inconnu jusqu'à ce qu'un thésard remette la main dessus en 2017, il dormait tranquilou dans une BU. Je n'ai jamais entendu dire qu'il avait eu un quelconque succès à l'époque ; pour moi, il est probable que Borges n'en ait jamais entendu parler.

Plusieurs personnes vont avoir à peu près simultanément la même idée dans le monde, elles vont créer des choses similaires à la même époque — parce que le terreau est favorable à l'éclosion de l'idée — sans qu'il y ait d elien direct entre elles. Voir par exemple Snell et Descartes.