FILMS COMIQUES/PARODIES

Vu Venise n'est pas en Italie, Ivan Calberac (2019), d'après son roman (Gallimard, 2015)

Serge Reggiani (Claude Lemesle/Christian Piget, 1977) a écrit:

T’as pas de quoi prendre un avion, ni même un train
Tu pourrais pas lui offrir un aller Melun
Mais tu l’emmènes puisque tu l’aimes
[…]
Venise n’est pas en Italie
Venise, c’est chez n’importe qui
[…]
Venise n’est pas là où tu crois
Venise aujourd’hui c’est chez toi
C’est où tu vas, c’est où tu veux
C’est l’endroit où tu es heureux

Émile a 15 ans et va au lycée à Montargis. « Il n'y a pas de famille normale » dit son père à la fin. Donc voici la famille pas normale Chamodot :

• Bernard (Benoît Poelvoorde), le père, VRP qui vend des serrures de sécurité, pratiquant le qi gong et qui adore A.I.E. a mwana de Black Blood ;
  
• Annie (Valérie Bonneton), la maman, qui livre des paniers bio et psychote sur la nocivité des additifs alimentaires et les ondes des téléphones portables ;
  
• Fabrice, le grand frère, qui se fait régulièrement virer des restaurants où il travaille comme cuisinier ;
  
• et Émile donc, fort en math mais nul en sport, timide, qui a honte de sa famille et dont la mère décolore les cheveux parce que selon ses parents, il y a ceux qui sont beaux naturellement et ceux qui doivent mettre le maximum d'atouts de leur côté.
  

Bon, jusqu'ici je me reconnais sur certains point Ajoutons qu'ils vivent dans une caravane parce que la mairie ne veut pas leur accorder le permis de construire sur le terrain qu'ils ont acheté.

Au lycée, il tombe amoureux de Pauline, amour réciproque. Pauline est la fille d'un chef d'orchestre qui délaisse sa famille et d'une mère dépressive et habite dans une maison spacieuse sur un vaste terrain. Pauline ne capte l'attention de son père que lorsqu'elle joue de la harpe. Une autre famille pas normale.

Pauline invite Émile à venir l'écouter en concert à Venise, sans voir ce que représenterait un tel voyage pour lui. Émile convainc ses parents qui y voient une occasion de faire, enfin, leur voyage de noce. Commence donc un road movie en caravane — impossible n'est pas Chamodot ! — avec ses rencontres, ses pannes et ses malaises.

Une comédie sociale distrayante, forcément caricaturale mais qui sait viser juste par moments.

Je viens de voir The French Dispatch de Wes Anderson (2021)
https://www.imdb.com/title/tt8847712/

C'est pas vraiment un film comique, il est plutôt inclassable. Disons que c'est un film foutrac et baroque. Le prétexte du film, c'est : la vie dans la rédaction d'un journal. The French Dispatch est un supplément mensuel (fictif) à un journal étatsunien, le Liberty, Kansas Evening Sun, qui relate la vie en France. La rédaction, menée par Arthur Howitzer Jr. (Bill Murray), est donc implantée à Ennui-sur-Blasé (en français dans le texte), une image d’Épinal du Paris des années 1960. Tourné à Angoulême, avec une séquence en dessin animé.

Sur la forme, il se compose de plusieurs épisodes, sketchs. Une balade en vélo, un peintre dans une prison qui prend pour modèle de nu une gardienne, une parodie de Mai 68 où le maire joue aux échecs avec un étudiant par jumelles et mégaphone interposés, le cuisinier d'un commissariat de police qui doit faire face à l'enlèvement du fils du commissaire...

Sur l'ambiance, on est dans la même forme que Moonrise Kingdom. C'est un défilé de références, qu'on capte ou pas. Faut pas aller le voir pour l'histoire, mais pour les acteurs et actrices, le plaisir visuel, comme un jeu pour choper les références et reconnaître les acteurs — « hé, c'est Dents de Sabre dans Wolverine, hé c'est Paul dans Dune » ;  je suis passé à côté d'Henry Winkler (faut dire, j'ai encore l'image de Fonzy) et de Willem Dafoe, entre autres. Dans la tripotée d'acteurs, il  y a des Français, Mathieu Almaric, Cécile de France, Guillaume Gallienne, Léa Seydoux, Hippolyte Girardot, Lyna Khoudri, Cécile de France… et des étatsuniens, Bill Murray, Benicio del Toro, Tilda Swinton, Frances McDormand, Timothée Chalamet, Edward Norton…

Les enfants (11 et 15 ans) ont bien aimé, même que mon grand dadais, qui a tendance à rejeter tout ce qui vient de ses parents en ce moment, n'a pas fait de remarque désobligeante sur le film (peut-être parce que ça lui a permis de voir Léa Seydoux nue). Au début c'est un peu raide à suivre en VO pour eux je pense, et les sauts français/anglais ne sont pas forcément toujours faciles à suivre mais ça n'a pas eu l'air de les perturber.

Un film sans but réel mais un vrai plaisir visuel et culturel, si on est sensible au style.

Notons que Jarvis Cocker, du groupe Pulp, prète sa voix pour le chanteur de charme Tip Top et a même sorti un album de reprises de chansons françaises : Christophe, Dalida, Brigitte Fontaine, Gainsbourg…

On est allé voir Coupez ! de Michel Hazanavicius (2022).


On s'est bien marré. Ma fille a adoré (elle a 11 ans et est une fan de Evil Dead 3 depuis ses 4 ans), bon, ma femme a été un peu mal à l'aise pendant la 1re partie (c'est son premier film de zombis, et son deuxième film d'horreur si on peut appeler ED3 et Coupez ! des films d'horreur) mais a bien rigolé aussi. Bref, un film familial (pour une famille un chouïa dysfonctionnel, assumons).

J'ai bien aimé le côté série Z assumé, les mises en abyme, le côté métafictionnel, l'explication a posteriori avec le changement de point de vue.

C'est une refonte/un hommage d'un film japonais :

Shin'ichirô Ueda, Ne coupez pas ! (Kamera o tomeru na!), 2017

https://www.imdb.com/title/tt7914416/?ref_=nm_flmg_dr_12

cdang a écrit:

On est allé voir Coupez ! de Michel Hazanavicius (2022).

On s'est bien marré. Ma fille a adoré (elle a 11 ans et est une fan de Evil Dead 3 depuis ses 4 ans), bon, ma femme a été un peu mal à l'aise pendant la 1re partie (c'est son premier film de zombis, et son deuxième film d'horreur si on peut appeler ED3 et Coupez ! des films d'horreur) mais a bien rigolé aussi. Bref, un film familial (pour une famille un chouïa dysfonctionnel, assumons).

J'ai bien aimé le côté série Z assumé, les mises en abyme, le côté métafictionnel, l'explication a posteriori avec le changement de point de vue.

C'est une refonte/un hommage d'un film japonais :

Shin'ichirô Ueda, Ne coupez pas ! (Kamera o tomeru na!), 2017

https://www.imdb.com/title/tt7914416/?ref_=nm_flmg_dr_12

Je confirme : C'est excellent

Vu Le Senƨ de la famᴉlle de Jean-Patrick Benes (2020).

Une nuit, les corps des membres d'une famille échangent leurs esprits : l'esprit de la mère se retrouve dans le corps de la fille de 7 ans, l'esprit de la fille de 7 ans se retrouve dans le corps du père, etc.


Donc, Un vendredi dingue, dingue, dingue (Freaky Friday) fois cinq. Un film sur la famille et les relations difficile entre tout le monde, qui s'amuse avec les archétypes et les représentations sociales (la fille de 7 ans qui fume et donne une claque à son père, la grand-mère qui va dealer du shit et se prend une claque par sa petite fille), propice à la comédie donc. Mais aussi sur la fluidité des genres et sur la propriété des corps : qu'ai-je le droit de faire avec un corps qui ne m'appartient pas ? Sans en faire un conte philosophique et social, c'est quand même sympa qu'il explore ces dimensions.