Choose Cthulhu 2 - Les Montagnes Hallucinées

errata

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Un § de moins que le premier 99 & 12 illustrations, je m'interroge sur comment l'auteur s'est-il débrouillé pour faire tenir une histoire de Lovecraft qui à la base tourne dans les 250 pages en poche en un aussi petit roman-jeu Tandis que L'Appel de Cthulhu (CC 1) est lui tiré d'une nouvelle donc la taille du roman-jeu semble adaptée à la taille de l'histoire.

Comme pour le « Choose Cthulhu », L'appel de Cthulhu, il faudrait que je prenne le temps de vous faire une critique soignée, mais j'ai la flemme (alors pas que, mais quand même). Ce sera donc avis à chaud (même si ce LVH fut terminé en 2021).

1/ La qualité de l'ouvrage. Je ne reviens pas sur la forme. C'est la même. Toutes les illustrations intérieures sont cette fois-ci d'une seule et même personne, Eliezer Mayor, et elles collent fort bien au texte. Il y en a 11, donc nous avons encore affaire à 100 paragraphes, ou 100 pages.

2/ L'ambiance. Elle me paraît un cran en-dessous. Il y a à cela plusieurs raisons. Mais en terme de narration, on trouve des passages qui nous font lever un sourcil (entre le choix réalisé et sa conséquence : on se dit « hein ! »), il y a au moins un moment où l'on ne sait franchement plus ni où l'on est, ni vraiment ce que l'on cherche à faire. Et la fin est expédiée. Il demeure néanmoins toujours de bons éléments et de bonnes idées : l'atmosphère arctique, l'orientation à l'aide de la carte, la volonté de faire vrai, de coller au réel. Mais la réalisation de tout cela pèche à la fois en raison de la forme - faire tenir un paragraphe sur une seule page - et du jeu - c'est un terrible OTP, tout plein de tunnels tout partout.

3/ La jouabilité. C'est le gros point faible de cet opus. Tout d'abord, les tunnels - vous savez, ces paragraphes sans choix qui vous font aller d'un paragraphe à un autre - et qui sont légions. Ici, il y en a 23, dont 4 qui enchaînent trois paragraphes sans choix, du genre : 105 - 41 - 78 - 61 (et ici vous retrouvez un choix). Ainsi, si l'on supprime ces tunnels, il faut retirer 37 pages, ce qui nous donne seulement 63 § effectifs (il y en avait 70 dans le premier). Pourtant, les fins sont moins nombreuses, 13.

Les fins possibles:

À cela vient s'ajouter le fait que cette fois-ci, le livre est un véritable OTP. Il n'existe qu'un seul et unique bon chemin pour vous conduire au n° 111. Avec parfois des choix à mi-parcours qui durent sur des pages et des pages, mais qui, inévitablement, vous conduisent à la mort (au bout de 9 §) ou à une fin alternative (au bout de 11 §), sans compter un faux indice (si vous le suivez, c'est la mort). Enfin, il y a deux endroits dans le livre qui sont reliés par un même passage de paragraphes. Et je dois dire que ce fut assez déroutant car je ne savais plus très bien où j'étais, ni ce que je devais faire. Il m'a fallu revenir en arrière, relire les pages concernées pour bien comprendre dans quel lieu je me trouvais et ce qui m'arrivait.
Dans les points positifs, le contexte lovecraftien est bien utilisé. On trouve des références bienvenues à la vielle Ford, aux Tcho-Tcho, à la fondation Pickman, à un étudiant nommé West, à un certian Klarkash-Ton... J'ai également apprécié ce moment où le choix proposé est clairement celui d'un salaud survivaliste ^^. Il y a aussi des décors variés (même si je ne suis pas friand d'exploration souterraine dans ce cas particulier) : découverte du camp, vol en avion, désert de glace, cité perdue... Très clairement, les ambitions de l'auteur ont été confrontées à la forme du livre qui - de mon point de vue - l'a empêché de réaliser les aventures prévues, d'où quelques cafouillages et des conclusions plus que hâtives (voire des raccourcis).

À titre indicatif, je donnerais à ces Montagnes hallucinées un 13/20, en raison de l'OTP qui, je trouve, fonctionne mal sur un texte aussi court, et des pistes scénaristiques abruptement conclues, d'où une certaine frustration. Il n'y a plus ce plaisir d'aller explorer les autres arcs narratifs. Mais cela reste un livre divertissant, bien écrit (mais, et d'une manière tout à fait subjective et impressionniste, moins que Léonard Pinto), s'inscrivant très correctement dans l'univers du Mythe, et donc au final tout à fait recommandable.

Pour ma part mes premiers essais dans Les Montagnes Hallucinées ont été marqués par des décès brutaux la conséquence de décisions funestes (peu évidentes à prévoir suite à des choix cruciaux à deux possibilités) une fois mis le pied dans les terres arctiques.
J'apprécie beaucoup que plus on s'enfonce dans les déserts glacés vers les étranges montagnes cubiques d'une inimaginable hauteur pour certifier qu'une empreinte fossilisée date de plus de 600 millions d'années ( ), selon les assertions de Lake le biologiste de l'expédition, plus de façon imagée on semble être au bord d'un précipice sans possibilité de revenir en arrière à la civilisation.
Avant même que nous ne partions à bord de baleiniers (équipages peut-être un poil trop riches en figures au point qu'on s'attachera à très peu d'elles) nous pouvons être alertés de différentes manières sur sol américain que quelque chose de louche entoure l'expédition qui se prépare (plus d'une dizaine de sections est consacrée à l'avant expédition). On a même page 46 un article de l'Arkham Advertiser signé devinez qui... Philips H.L. sur l'identité du financeur. À savoir jusqu'où votre curiosité vous mènera avant d'en arriver au 2/9/1930 page 41 après lecture page 1 de la lettre de Pabodie le 11/1/1930 qui nous informe qu'on sera chef de l'expédition en Antarctique.
L'Asile d'Arkham une nouvelle fois donne une page de game over je pense que c'est une constante dans les tomes de la collection .
D'ailleurs parlant de game over la sensation que pour les premières parties de l'histoire il y ait des pages d'échecs spécifiques telle celle où on nous retrouve mort de froid jusqu'au moment où notre vol vers les montagnes s'accomplit.
Un début de bonne facture où l'intérêt pour le mystère enveloppant les montagnes, la nature de l'empreinte fossilisée ainsi que la tension de l'isolement montent progressivement.

Jusqu'au camp de Lake.
Points positifs :

• les êtres de cauchemars des montagnes restent bien enfouis, mystérieux l'imagination cavalant sur qui ils sont.
  

• les mises en garde du début pour peu qu'on enquête sur les vrais ressorts de l'expédition qui se monte au Pôle Sud.
  

• les choix cruciaux à prendre pas simples à soupeser dans les terres glacées.
  

Ce n'est pas être un manique du détail, c'est être exigeant.
J'ai posté une réponse pour le responsable des chiens dans la partie Errata.

Pour les vieillards, après relecture du passage, il semble que nous ayons affaire à une variante de l'effroyable population d'Innsmouth. J'en ai trouvé une trace dans le Liber Ivonis qui explique que certains rituels (que je n'évoquerais pas, pour préserver la santé mentale des membres de ce forum) transforment la nature des Profonds afin de leur permettre de réaliser des voyages spatiaux ou transdimensionnels. Mais cela affecte grandement leur comportement. On ne peut que conjecturer de la raison pour laquelle ils se seraient sentis obligés de prévenir un universitaire d'un danger quelconque. Je n'ose présumer d'un motif en lien avec les abîmes du temps et les Shoggoths... Le Nécronomicon nous apprend malheureusement qu'il existe des connections entre ces entités répugnantes. Lesquelles ? Mon audace ne fut pas suffisamment présompteuse pour pousser cette effroyable lecture plus avant.

Plus prosaïquement, à part pour faire un peu couleur locale, ils ne servent en rien notre histoire...