Missions Spéciales - 3 - Le Prisonnier

De quoi s'agit-il? 3ème opus de la série des Missions Spéciales, ce livre est un prétexte car il ne se rattache aux deux premiers de la série que par un artifice: vous êtes propulsé dans ce bouquin comme proscrit après un échec lors d'une précédente mission.

Les règles sont très intéressantes mais toujours aussi sous-exploitées que pour les deux autres tomes. Mais le génie conceptuel est ailleurs: nous sommes prisonniers d'un centre étrange, doté d'infrastructures variées (salle de sport, jardins, salle de spectacles, administration...). Un huis-clos étouffant qui se résume à un plan, où chaque bâtiment renvoie à un paragraphe, lequel paragraphe nous fournit un tableau avec d'autres paragraphes à consulter en fonction du jour et de l'heure, ainsi que de la durée de votre séjour dans tel ou tel secteur.

Et c'est parti! Les lieux sont très peu dépeints, les illustrations tout juste correctes mais on s'accroche en se persuadant qu'on peut, à la loyale, dans un parcours digne de Sherlock Holmes, trouver une sortie.

Spoiler:

Impossible de mettre une note à cet ouvrage: génial par la liberté totale et le chef d'oeuvre conceptuel du chrono-planagraphe (c'est nouveau, ça vient de sortir, il fallait bien trouver un nom!); nullissime pour la trame. A vous de vous faire une opinion (mais désormais, ce bouquin n'est pas très facile à trouver à pas cher). Je vais quand même m'y risquer (ne serait-ce que parce que l'on me l'a demandé!): vous vous doutez que je serai mesuré...

NOTE: 10/20

Ouah mais quel livre-jeu incroyable !

Carrément différent de tout ce que j'ai pu jouer jusque là. L'histoire se présente ainsi: On est enfermé dans une étrange ville souterraine en apparence confortable, on ne sait rien de pourquoi on est là et on nous dit qu'on doit chercher à s'évader. La linéarité est ici quasiment nulle, on a une liberté totale d'exploration, il y a un système de plan (comme la série quête du Graal) avec en plus une gestion du temps qui fait que selon le jour et l'heure ou on visite un lieu il se passe des choses différentes.
On est donc lâché dans ce parc souterrain dont on peut visiter chaque bâtiment à sa guise, on a beaucoup d'équipements comme une bibliothèque, des jardins, une salle de sport etc. Et on a comme compagnie d'autres prisonniers un peu cinglés sur les bords, une administration absurde, une milice chargée de garantir la "tranquillité" des pensionnaires, et les employés de la ville. Tout est aseptisé, policé un maximum ça fait vraiment un effet bizarre.

Au début on se dit qu'on va tout explorer méthodiquement, mais au bout d'un moment on fini par tourner en rond comme un fou, quoi que l'on fasse il ne se passe rien, les personnages que l'on rencontre semble n'avoir aucun sens commun, il sont déconnectés de la réalité et répètent toujours la même chose. On a vraiment une ambiance étrange dans ce livre, on se sent à force prisonnier comme le héros, on éprouve un grande sensation de solitude, de malaise, l'impression que tout est figé, que l'on y peut rien.
Conséquence de la non-linéarité totale, l'histoire n'évolue jamais, l'auteur obtient ce qu'il voulait: nous voir tourner en rond dans son livre comme un fauve en cage.

Le système de jeu est celui de la série mission spéciale (voir ma critique du tome 1 de cette série), mais il est peu utilisé ici, il y a bien quelques tests de compétence, mais jamais décisifs (rien n'est décisif dans ce livre de toute façon), et il n'y a qu'un seul combat, tout à fait évitable.

Attention à lire seulement si vous avez lu le livre, ou si vous n'avez pas l'intention de le faire:

Spoiler:

Enfin bref j'ai été complètement bluffé par ce livre, il m'a produit un effet incroyable. On a l'impression d'être dans une sorte de système totalitaire qui contrôle et observe tout, et dont le but est de nous rendre docile par une sorte de folie afin de mieux nous contrôler. Enfin bon on peut interpréter de plusieurs manière je pense. Mais en tout cas l'ambiance carcérale de ce livre est incroyablement bien rendue, vraiment chapeau à l'auteur d'avoir réussi ça. On s'y croit vraiment.

Si vous avez envie d'un livre original qui vous sort des mécanismes dont vous avez l'habitude avec les livres-jeux, c'est celui ci qu'il vous faut. Mais il pourra plaire ou déplaire fortement selon les personnes je pense.

Note : 17/20

Je suis en train de développer un jeu de société scénarisé, qui reprend le principe des livres-jeux. J'ai été fortement intrigué par les commentaires sur Le Prisonnier. J'ai pu me le procurer pas trop cher (17€ en excellent état) et me suis aussitot mis a jouer.

Effectivement il y a des illogismes volontaires destiné à faire perdre du temps en renforcer la sensation de tourner en rond :
- On nous demande de payer des crédits pour avoir le droit à une autorisation de travailler... mais il faut travailler pour gagner des crédits.
- On nous demande de manger une fois par jour pour ne pas être "blessé" mais le fait de manger au restaurant procure automatique un malus au dé (malade).
- On fracture des portes avec une pince, pour finalement voler... une pince !
- Dans les "agenda" des lieux qui renvoient aux paragraphes, souvent, des numéros nouveaux sont disséminés à différents horaires pour nous pousser à revenir voir ce qui va se passer. Sauf que la plupart du temps c'est la même action, avec un texte légèrement différent.
Quelque soit nos réussites, on se retrouve invariablement dehors quelques "heures" plus tard ou dans notre chambre le lendemain matin, avec l'impression de ne pas avoir avancé...

J'ai entrepris de faire un arbre avec l'intégralité des liens entre les paragraphes. J'ai repéré plusieurs paragraphes non reliés à l'intrigue mais peu importe car ils ne font pas avancer l'histoire. Quelques erreurs de constructions (involontaires cette fois) comme une question qui n'est pas rattachée à sa réponse (lors d'un spectacle).

SPOILER :

Spoiler:

ALORS FAUT-IL TRICHER ?

SPOILERS ci-dessous :

Non, on peut réussir le jeu à la loyale.. SI ON EST SUPER-CHANCEUX. Il suffit d'aller au bon endroit au bon moment et pouf ! On sort de la prison sans avoir rien fait de particuliers pour y arriver, même sans décoder les paragraphes cachés. Cela peut aller très très vite si on est super méthodique et qu'on vise le bon lieux du premier coup, comme ça peut prendre du temps si on tourne en rond a tester toutes les possibilités des mauvais lieux avant.

Un indice ? Pour le faire "en trichant" : l'un d'entre vous a donné le numéro du paragraphe de fin dans cette discussion. Il suffit de trouver a quelle heure et dans quel bâtiment on retrouve le numéro de ce paragraphe. Après l'avoir repéré (changement de méthode après plusieurs heures de jeu à la loyale) je me suis contenté de patienter dans le jardin central jusqu'à la bonne heure...

;-) Merci de m'avoir fait découvrir ce formidable livre qui va m'être très utile pour créer mon jeu.
Si je devais le noter, je dirais 17/20 également pour l'ambiance.

17/20

Beaucoup d'encre a coulé sur ce livre atypique. Faisable ou pas faisable ?

Vous trouverez à la fin de la critique la soluce détaillée en spoiler, et même une autre soluce que j'estime être une erreur. Je mettrai un spoiler, pas d'inquiétude. Mais allons-y pour la critique.

Un ldvelh complètement atypique et indépendant, qui est un hommage à la série TV Le Prsionnier.
On est donc un agent secret cloîtré dans un lieu mystérieux dont on cherche à s'évader par tous les moyens possibles. L'auteur arrive à nous faire perdre la boule (ou la mémoire) avec d'incessants retours au paragraphe de départ. Le Prisonnier, c'est Sisyphe qui remonte la pente avec son rocher pour l'éternité. Vous êtes prévenu : ce ldvelh est le plus dur qui existe à ma connaissance.

Dans une ambiance bien rendue, la parano guette pendant 448 §. Beaucoup de § donc car il y a d'ingénieux tableaux/semainiers pour se rendre à des endroits tous les jours de la semaines, et à différentes horaires. Du coup, hélas, énormément de § donnent une impression de remplissage.
D'autres sont justes des petites variations autour du même thème, un impression de redite. Sauf que finalement c'est plutôt bien vu, cette redite colle justement à l'univers (cf Philip K.Dick et les différences minuscules de la perception réalité comme indice que quelque chose ne tourne pas rond...)

Je suis partagé sur la partie du contenu du bouquin : on a à mon goût trop de paragraphes trop courts ou redondant, clairement trop de remplissage. Par ailleurs, il y a quand même plusieurs passages intéressants, heureusement. Entre autre, un passage que j'ai beaucoup aimé où l'on nous décrit plusieurs livres d'auteurs connus : étonnant ! On a même du K.Dick dedans. Beaucoup d'hommages ou de caméos sont présents. On a l'impression que l'auteur est un marionnettiste qui tire les ficelles.


L'intérêt principal de ce bouquin, c'est si vous arrivez tout seul à trouver la solution.
Si vous y parvenez, vous aurez la satisfaction immense d'avoir réussi un sacré défi, le ldvelh le plus difficile qui soit. Ce bouquin occupe une place unique dans le paysage, alors ne vous gâchez pas le plaisir en consultant la soluce ci-dessous, vous perdriez tout l'intérêt du bouquin.

SOLUCE en spoiler :

 

Spoiler:

Pour l'autre soluce, un raccourci que j'estime être une erreur :

Spoiler:

Pour la note, je tiens compte de l'originalité et du concept.
Le livre aurait vraiment pu être excellent, mais il y a trop de scènes de remplissage à mon goût.
L'intérêt principal est de réussir à trouver tout seul la sortie. Si vous consultez la soluce, le bouquin vous paraîtra beaucoup moins passionnant.

Note : 16/20

Ce livre ne devrait pas être clivant. L’expérience est unique et le concept inspiré des séries des années 60 est fantastiquement retranscrit. Incontournable pour tout amateur de livres jeux. Un peu déçu par la résolution, comme tout le monde, mais l’expérience doit être tentée.

Note: 17/20.

En cet an de grâce 2024, Posidonia a également dépoussiéré une série des HAJ qui fut peut-être moins emblématique que celle nous faisant voyager à travers les époques et les continents : en voyant ici et là pas mal de posts anciens de personnes ayant du mal à mettre la main sur un exemplaire, ce pourrait être une bonne occasion...

Ou pas forcément, en réalité.
Il faut admettre que l'auteur a réussi son pari en jouant à fond la carte de l'incarcération oppressante ; si le Centre ne comporte ni cellules avec barreaux ni uniformes de prisonniers, l'on est bien un captif dans tous les domaines : physiquement, psychologiquement avec le sentiment d'une spirale dont on ne parvient pas à s'extraire, biologiquement avec la drogue que l'on subit et la nourriture qui rend malade, temporellement avec ce semainier nous contraignant dans nos actions et nous renvoyant si souvent à des évènements sans conséquence.

Là où la pléthore de compétences et de capacités, fatalement sous-exploitées comme c'est hélas le cas dans moult livres de cette collection, peut être vue comme un défaut, ici, le fait que nombre de tests ne changent pas grand-chose à ce qui se passe (exemple : réussi ou raté, un test de sixième sens face à un jardinier ne mènera à aucune information utile) peut être perçu comme une dose d'impuissance supplémentaire, au sein de ce lieu fantôme où quasiment rien n'a de sens.
L'absurdité règne même, comme avec le besoin de payer afin d'obtenir un formulaire (au sortir d'une séquence digne d'Astérix) donnant le droit de travailler pour gagner des crédits...
Crédits à dépenser pour acheter des objets sans utilité réelle, ou emprunter des livres ne vous apprenant rien de décisif !

La dé-linéarisation imposée par le plan-hub au premier paragraphe, couplé avec les paragraphes changeant selon le jour et l'heure, achèvent de transporter le lecteur-joueur dans un marasme répétitif où l'on essaye de déceler la plus petite variation, le moindre indice permettant de dévider la pelote du mystère lié au centre.
Sauf que cela n'arrive jamais. Le Prisonnier n'est pas un puzzle géant où l'on doit grappiller des informations éparses pour discerner le bon chemin vers la sortie, ce n'est pas non plus une sorte de Un jour sans fin version LDVELH d'espionnage où, à force de revivre les mêmes situations, on finirait pas trouver la bonne "combinaison" d'actions pour s'en sortir.

Le but du livre semble être de vous essorer psychiquement, jusqu'à ce que vous recouriez à une solution de triche réservée aux situations désespérées,

Spoiler:

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C'est certes un exemple de "think outside the box" comme diraient nos amis outre-Manche, mais je me questionne : peut-on réellement parler de difficulté lorsque l'unique solution (solution à laquelle j'ai abouti par accident) consiste à tricher et réaliser que la vaste majorité du contenu du livre n'est qu'une perte de temps ?
(Je fais là aussi référence aux trop nombreux paragraphes de remplissage, par exemple les secteurs d'habitation où se rendre ne sert à rien la plupart du temps, personne n'étant présent lorsque vous toquez...)
Pour ma part la réponse tendrait vers la négative, puisque parvenir loyalement à la fin est impossible, sauf bug probable mentionné par VIK, et au terme d'une suite de paragraphes qui reste plus dépendante du hasard qu'autre chose.

C'est pourquoi je ne suis pas vraiment en accord avec le post précédant le mien, je vois au contraire tout à fait à quel point le tome peut être clivant, tellement il est atypique et potentiellement frustrant.
Ne serait-ce qu'avec la fin fort courte et n'expliquant rien, j'ai du mal à le considérer comme un incontournable.
Même si j'avais "gagné" en suivant la formule désirée par l'auteur, je ne pense pas que j'aurai ressenti une exultation compensant le temps investi à tourner en rond, plutôt un abîme de perplexité. Car in fine ce livre donne l'impression d'être une expérience poussée à son paroxysme, un concept plus qu'un objet ludique.
En cela il me fait penser à Fatale Liaison, un ouvrage bien plus court, bourré d'absurdités également et plus volontiers tourné vers l'humour, qui se vite comme une sorte d'anti-LDVELH.

Bref, la note que j'attribue n'a aucune vraie valeur : à mon humble avis, globalement soit on adhère au concept et on ressort bluffé de cette expérience de lecture, soit on comprend ce qu'a voulu entreprendre l'auteur, tout en restant dubitatif sur l'intérêt de la chose.

06/20
(ceux qui savent noteront la référence)